Road trip en Nouvelle Zélande du Nord

Tels des migrants, nous arrivons par ferry au port de Wellington. La capitale de la Nouvelle-Zélande nous a été dépeinte comme une ville venteuse. Nous avons pourtant une mer d'huile et nous nous hâtons pour la visite.

Première déconvenue : loger à Wellington est très cher et nous avions peiné à trouver un appartement abordable. Il s'avère que celui-ci est bien situé en centre-ville mais qu'il n'a... aucune fenêtre ! Nous sortons vite de ce four pour arpenter les rues. Nous sommes vendredi, jour de night market, et le centre regorge de petits stands mêlant toutes les gastronomies du monde. Cependant rien de tel que la petite crêperie française située à deux pas de notre hôtel !

Il fait bon vivre à Wellington. Le jardin botanique surplombant la ville, accessible en funiculaire, nous offre une agréable promenade ensoleillée. Nous redescendons par le cimetière des premiers migrants, segmenté selon les confessions, et atteignons le parlement néo-zélandais, vaste cylindre de béton sans grand charme. La zone portuaire abrite le Te Papa Museum, mélange d'art moderne, de tableaux du XIXème siècle et d'histoire militaire de l'ANZAC. On le recommande pour quelques heures, d'autant plus qu'il est... gratuit !

La capitale possède de beaux points de vue et des plages qui se prêtent au surf mais il nous tarde de prendre notre voiture et de repartir pour découvrir l'île du nord.

Nous voilà partis pour un long trajet vers l'ouest de l'île sur la Highway 1, que nous quittons ensuite pour la route 3. Séverine s'essaye à la conduite à gauche. Le paysage a des airs de Bretagne sans rien d'époustouflant pour l'instant. Pause déjeuner à Wanganui, au bord d'un lac ombragé, avant de visiter le Winter Garden.

La route gagne ensuite l'intérieur des terres et nous contournons le Volcan Taranaki pour rejoindre la maison de Georges chez qui nous logerons. C'est une maison de rêve avec vue imprenable sur le volcan... si ce n'est qu'il restera caché derrière les nuages. Hasard du calendrier, nous sommes au dernier jour du Light Festival de New Plymouth et nous rejoignons le parc de  la ville sur les conseils de Georges afin de profiter des lumières de la fin de journée. Le parc comporte une multitude de lacs, cascades illuminées et offre une vue imprenable sur le volcan.

Nous quittons Georges et son havre de paix avec regrets le lendemain. Nous ne verrons pas le Taranaki, toujours invisible, mais monterons sur ses pentes pour y découvrir une petite station de ski accessible seulement à pied.

Vite, nous redescendons car Taupo nous attend.

La route vers Taupo est longue. Le GPS nous conseille de suivre la côte et la Highway 3 pour rejoindre Taupo mais la réputation de la Forgotten Wold Highway 43 nous fait préférer cette route sinueuse. Si vous êtes malades sur les routes, abstenez-vous car la 43 tourne, monte, descend et tourne encore. Elle possède aussi cette particularité de ne pas être bitumée dans sa totalité ce qui la rend peu agréable en van ou en citadine.

Mais sinon quel bonheur ! Presque aucune âme qui vive, des paysages époustouflants et des gens plein d'humour. C'est au milieu de la Highway 43 que l'on retrouve la loufoque République de Whongamomona, sorte de Groland local, qui a notamment connu une chèvre (disparue étrangement lors de la dernière élection)  et une tortue comme présidentes depuis l'indépendance...

Enfin passés quelques tunnels, nous nous rapprochons du Lac Taupo sous l'ombre du Tongariro et de ses lieutenants.

Nous voilà au bord de cet immense lac qui se prête à une baignade très agréable. Nous avons sélectionné un logement hybride, dépendant d'un hôtel, possédant un camping mais offrant des bungalows très agréables pour nous (et des sources thermales !). Des conditions parfaites pour passer 3 jours et se préparer pour LA randonnée de Nouvelle-Zélande : le Tongariro Alpine Crossing. C'est toute une organisation car il faut d'abord réserver le bus qui nous déposera au sud du volcan et choisir le jour du fait d'une météo plus que capricieuse. Le jour J, lever à 4h00 du matin pour être au bus à 6h00 et commencer à marcher "à la fraîche". Grand bien nous en a pris car nous avons pu monter au pied du volcan du Seigneur des Anneaux avant que le vent ne se lève.  Nous sommes même redescendus sous la pluie, manquant malheureusement la vue sublime sur le Lac Taupo. 

Juste à la sortie du Lac Taupo se situent les Huka Falls. Le fleuve Waikato, émissaire du lac, s'engouffre dans une série de rapides qui se terminent en une chute impressionnante par son débit. Le temps de quelques photos et nous rejoignons non loin de là une ferme à... crevettes ! Les eaux chaudes sont en effet propices à l'élevage de ces crustacés qui sont à l'honneur sur la carte du restaurant qui jouxte la ferme.

Après ce festin, nous reprenons la route 5 pour Rotorua. La ville s'annonce par l'odeur pestilentielle de soufre dégagée par les sources thermales. Pour ceux qui connaissent, cela rappelle Ax les Thermes (mais en pire). Qu'à cela ne tienne, notre logement pour ces deux jours est au nord du lac, perdu dans la campagne, au bout du monde. La ferme possède un petit cottage indépendant et nos hôtes nous accueillent avec des muffins tout juste sortis du four. Un régal ! C'est ici aussi que nous découvrons que leurs voisins ont développé une tondeuse écologique pour leur talus, surnommée la chèvre, qui glisse sa tête par la fenêtre en guise de bonjour. Nous sommes jeudi et Rotorua possède un excellent Thrusday Night Market, où l'on peut écouter musiques et spectacles tout en mangeant une excellente street food.

Mais la raison de notre venue par ici est toute autre. Non loin d'ici, se situe Hobbiton. Pour les fans de l'univers du Seigneur des Anneaux, c'est ici qu'ont été tournées les scènes de la Comté, le pays des Hobbits. Les décors sont restés et sont maintenant ouverts à la visite. Bien que très commercial, ce lieu est un incontournable de l'île du nord. On y retrouve l'ambiance du film, un cadre champêtre miniature où il ferait bon vivre et déguster une "ale" au coin du feu. Les enfants ont adoré (et les grands aussi).

On quitte notre ferme et notre copine la chèvre un peu à contre-cœur et prenons la route 36 vers le nord jusqu'à la mer. On trouve sur la côte de jeunes volcans qui ont la charge d'agrandir l'île petit à petit. Nous bifurquons à l'ouest sur la route 2 qui longe la ligne de chemin de fer touristique avec de vieilles locomotives puis prenons la route 25 vers Coromandel. Sur le papier, cela paraissait rapide mais la route serpente le long d'une côte escarpée et agrémentées de nombreuses montées-descentes. Nous profitons d'un apéritif sur la plage devant un joli coucher de soleil. Notre logement, une auberge de jeunesse sans grand charme, nous offre une nuit reposante avant la journée chargée qui s'annonce.

Nous empruntons la route 309 pour gagner la côte est de la péninsule. La route graveleuse s'enfonce dans la forêt d'arbres sacrés des maoris puis nous récupérons la route 25, jalonnée de petits marchés de villages et autres magasins bio. Nous bifurquons pour Hahei et abandonnons la voiture pour marcher vers Cathédral Cove. Après les Hobbits, nous voici dans le Monde de Narnia le temps d'un pic-nic et d'une trempette au milieu de vagues de 4 mètres ! Nous avons testé ensuite la Hot Sand Beach non loin de là. Nous sommes venus, nous avons vu (et senti l'eau chaude) et sommes repartis très vite devant le côté très "ruée vers l'or" qui ne nous a pas vraiment conquis.  

De Coromandel, on rejoint facilement Auckland et, en général, les gens s'arrêtent là. Mais cette corne qui pointe vers le nord nous intriguait. Qu'y a-t-il plus au nord de la plus grande ville de Nouvelle-Zélande ? Pour le savoir, il faut prendre son courage à deux mains, traverser la ville et remonter 200km plus au nord. Nous nous trouvons vite dans un milieu sauvage et coupé de tout. D'ailleurs, en nous enfonçant sur une nouvelle route non goudronnée, étroite et sinueuse (tout de même limitée à 100km/h !), nous ne pensions pas parvenir à notre plus beau logement de ce road trip. Un superbe cottage avec véranda, bordé d'un ruisseau où nage l'anguille de la famille. Un joli poisson de presque un mètre qui apparaît 5 minutes après que vous ayez jeté un peu de nourriture dans l'eau. Lucian a adoré ! De même que le cadeau de bienvenue, qui n'est autre qu'une grosse lampe à lumière rouge pour aller voir les kiwis dans la forêt de kauris non loin de là à la nuit tombée.

Cette côte a quelque-chose de sauvage et magique entre les plages, les falaises, les kiwis et les forêts de kauris millénaires. Rien que pour cela, nous retournerions en Nouvelle-Zélande et passerions plusieurs jours voire semaines à explorer ces paysages. Mais vite, un dernier lieu enchanteur nous attend avant de rejoindre Auckland.

La sinueuse route 12, bloquée par le delta d'un fleuve, bifurque à l'est et rejoint la route 1 que nous suivons depuis d'extrême sud du pays. Nous aurions voulu pousser jusqu'au bout de l'île, à Cap Reinga, mais le temps et la distance (encore 300km A/R !) nous ont dissuadés. Nous rejoignons la Bay of Islands (baie des îles) qui est le premier lieu foulé par les Européens en Nouvelle-Zélande. C'est aussi là que se situe Waitangui, où fut signé le traité de rattachement de la Nouvelle-Zélande à la couronne entre les chefs Maoris et les Britanniques. On y retrouve le calme des résidences de plaisance construites dans ce lieu où le climat est doux et agréable. Notre destination, Russel, nécessite une traversée en bac. Pour notre avant-dernier logement, nous avons opté pour... la tente aménagée !

Pour finir ce séjour en beauté et profiter une dernière fois des plages et de la nature sauvage, nous avons opté pour la visite de l'île Urupukapuka. Les images parlent elles-mêmes.

Nous redescendons sur Auckland par la route 1 et rendons notre voiture à regret. Ainsi se finit ce road trip dans l'île du Nord. Vous l'aurez compris, même si nous adorons la vie en camping car, nous avons préféré le nord au sud. La diversité des paysages et la douceur de vivre font tout le charme de cette île que l'on vous recommande absolument bien que ce soit si loin.

Et Auckland dans tout ça ? Ben... pas grand chose si ce n'est qu'il s'agit d'une des villes où il fait le plus bon vivre au monde, qu'il y a des gratte-ciels, une marina avec de grands bateaux et de beaux jardins comme à Brisbane, Sydney ou Melbourne et que l'on a pu partager les festivités du Nouvel An Chinois avec les (très) nombreux asiatiques de la ville. Ah si ! Nous avons vu le match de rugby Auckland-Christchurch ! Mais rien de tel à compter de ce que l'on a vécu tout le long du trajet...

Nos pires moments : Notre chambre d'hôtel à Wellington (sans fenêtre et à la climatisation défaillante).

Nos meilleurs moments : La chasse aux kiwis, le Tongariro; Cathedral Cove

Les actes manqués : Le manque de temps ! Nous prendrions au minimum le double de temps et en profiterions pour faire les vallées viticoles du sud (Napier) et l'est à majorité maori avant de longer la côte nord. Et bien entendu, pendant 10 jours nous serons au nord d'Auckland et pousserions jusqu'au Cap Reinga.