Chili

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Quand ?

Du 5 mars 2019 au 1er avril 2019 avec, entre autres :

Le cargo "croisière" entre Puerto Natales et Puerto Montt

Le tour de Chiloë

La région de Los Lagos

Valparaiso et Santiago

San Pedro de Atacama


En bref...

Nous avons passé près d'un mois au Chili ce qui peut paraître raisonnable pour visiter quelques incontournables du pays. Mais cette étroite bande de terre longue de plus de 4000 km, coincée entre le Pacifique et les Andes, abrite une diversité de paysages que nous n'avions pas rencontrée jusqu'alors. Des immensités glacées de la Patagonie au désert lunaire d'Atacama, nous avons vu un échantillon miniature de ce que notre Terre pouvait offrir de plus beau : des fjords sans fin, une île du bout du monde aux églises colorées, des volcans cernés de forêts humides d'araucarias, Valparaiso, la ville de marins aux mille couleurs, l'explosive Santiago et le désert d'Atacama, aride mais tellement vivant.  

Quelques chiffres comme toujours :

Budget estimé : 60€/pers/jour, réalisé : 64€/pers/jour.

Nous avons dépassé le budget qui s'est avéré largement supérieur à ce que l'on peut retrouver dans la plupart des guides (37-40€/pers/jours). Cela pour plusieurs raisons :

- La croisière "cargo" pour remonter de Patagonie, incontournable mais chère.

- Deux locations de voiture, certes moins onéreuses qu'en Argentine mais tout de même pas données.

- Un forfait visites de 4 jours sur Atacama, incluant le fameux passage vers la Bolivie en 4x4.

Villes visitées : Puerto Montt, Castro, Pucon, Valparaiso, Santiago, San Pedro de Atacama.

 

Et aussi : "la croisière s'amuse", l'île aux "perros", les forêts humides, des airs de Bavière, des pains bien fades mais des vins exquis, une station de ski volcanique, du street art, un téléphérique, un désert et des lacs empoisonnés verdoyants, un remake de l'Odyssée d'Astérix et nos premiers geysers...

Ce que l'on a aimé

Une diversité incroyable de paysages

A l'exception des zones tropicales, tous les climats de la terre sont représentés au Chili. Iles polaires baignées par le vent, forêts humides et sauvages, plaines méditerranéennes couvertes de vignes ou déserts salés, les climats se déclinent progressivement au fur et à mesure que nous remontons vers le nord. L'essentiel de ses habitants se concentrant dans les plaines agricoles du centre, le pays se vide au furet à mesure que l'on s'éloigne vers la périphérie. Nos gros coups de cœur ont été :

- Cette "croisière" dans ce cargo qui représentait le seul lien entre le pays et les terres australes. Nos trois jours passés sur ce bateau, coupés de téléphone et d'internet, perdus dans les fjords vides de toute présence humaine, ont constitué une parenthèse inattendue dans ce voyage.

- Chiloé, la petite Bretagne d'Amérique du Sud. Il y pleut même plus, bien que nous n'ayons pas eu une goutte durant notre séjour, à la grande surprise des habitants. Dernier point de civilisation avant d'atteindre la Patagonie presque totalement inhabitée, l'île voit la panaméricaine s'évanouir dans le Pacifique. Nous avons retrouvé les côtes et les chemins terreux perdus de Tasmanie (avec les colonies de manchots en plus), les forêts du nord de la Nouvelle-Zélande, des églises d'Islande et la gentillesse des méditerranéens. Nous avons été accueillis dans deux familles qui nous ont ouvert leurs maisons et nous ont fait partager leur table.

- Les régions des Lacs et d'Auricanie, sur les terres des indiens Mapuche. Terres colonisées il y a à peine 150 ans, on y retrouve la douceur de vivre, des régions tempérées d'Europe. S'il n'y avait cette myriade de volcans qui bloquent la frontière argentine, on se croirait en Suisse. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le drapeau allemand flotte sur des bâtisses de style germanique à Puerto Varas où se sont installés des paysans allemands en 1853.

Les lacs glaciaires dominés par des volcans comptant parmi les plus actifs sur Terre font la joie des touristes l'été et des skieurs l'hiver. Pour quelques dizaines de dollars, vous pouvez monter sur le Volcan Villarica et en redescendre en luge. A cela, on rajoute les sources thermales pour tous les budgets dans la région de Pucon, où l'on peut se relaxer après la randonnée dans des piscines naturelles chauffées.  Incontournable !

- Le désert d'Atacama, le plus aride du monde ? Sur le papier oui. Sauf que nous sommes venus un mois après des inondations historiques à San Pedro. Les hauts plateaux, coincés entre 2000 et 4000m d'altitude, étaient couverts d'une végétation qui ne pousse qu'une fois l'an. Vallée de la Lune, geysers et salars ont rythmé nos 4 jours dans cet espace hostile où chaque goutte d'eau est source de vie. Lamas, vicunias, coyotes et flamants roses annoncent notre montée vers l'Altiplano bolivien. Le must : lever de soleil aux geysers d'El Tatio à 4200m puis la baignade dans un trou d'eau du Salar d'Atacama, tellement salé qu'on y flotte (comme Obélix lorsqu'il saute dans la Mer Morte), avant de prendre l'apéro au soleil couchant. Magique.

Des villes chargées d'histoire : Valparaiso et Santiago

Perdus dans l'immensité de ces paysages, on oublierait vite que le Chili a aussi une âme. Les joies, les haines, les paradoxes de la société chilienne se retrouvent dans les deux sœurs ennemies que sont Valparaiso la maritime et Santiago la majestueuse. 

Prenons Valparaiso, ou Valpo pour les intimes. Ce port qui fit jeu égal avec San Francisco jusqu'à l'ouverture du Canal de Panama, garde les vestiges de la richesse de son commerce maritime. La ville basse rassemble parcs, anciens opéras reconvertis en bazars, casernes de pompiers aux armoiries des différents peuples qui firent la richesse de la ville : Anglais, Allemands, Italiens, Français... Le port reste omniprésent mais ce sont les collines que viennent voir les touristes. Nous avons gravi les cerro à l'aide de ces multiples ascensores, funiculaires centenaires aux normes de sécurité discutables. Sur une colline, des maisons de luxe, des bâtiments officiels de la marine, une maison hantée. Sur une autre, des maisons faites en tôle, recyclée des innombrables containers arrivés au port. Sur une troisième, la maison de Pablo Neruda et sa déco à cheval entre les années 20 et les années 60. Sur Cerro Alegre, le très oriental Palacio Baburizza et les graffitis de rue guident chacun de nos pas vers ce qui fait l'âme du Chili : son peuple, ses espoirs, ses inégalités et ses souffrances..

Et puis il y a Santiago, majestueuse capitale dominée au loin par les volcans andins. L'art y est plus diffus, noyé dans ces relents d'histoire où la dictature militaire et la république socialiste se sont alternés. Au dessus de la bouche de métro, cette vierge martyre sans visage, dans ce mur le poing de la résistance à la dictature...

La ville au nombreux musées et parcs a tout d'une grande capitale : quartier d'affaires, centres de shopping, palais, galeries d'art. Avec ce petit plus : une grosse colline qui la pourfend et qui permet, en téléphérique Poma (cocorico c'est Français !) ou à pied, de dominer la ville au milieu d'un pan de verdure.

Ce qu'on a moins aimé

Une culture culinaire hétérogène mais un peu décevante

Nous ne nous attendions pas à l'extase en matière de gastronomie dans les pays anglo-saxons et nous n'avons pas été déçus en effet. Nous mettions plus d'espoirs dans l'Amérique Latine. Malheureusement, Buenos Aires nous a présenté un visage plus attrayant que ce que l'on a eu au Chili. Si l'on peut trouver d'excellents vins, notamment notre coup de cœur qu'a été le cépage ressuscité du Carménère, et les entrées de fruits de mer (Ceviche), le reste n'a pas été à la hauteur de nos attentes. Peut-être avons-nous été un peu trop exigeants mais les empanadas et le poulet au riz a fini à la longue par nous lasser. C'est sans parler du beurre âpre, du jambon translucide gonflé à l'eau nitritée ou des petits pains carrés bien fades qui constituaient nos petits déjeuners et picnics. Bref, sortis des restaurants (un peu chers) de Valpo et Santiago, la culture culinaire chilienne ne nous a pas laissé un souvenir impérissable.

Les perros

L'Asie nous avait habitué aux chiens errants mais les hommes leur vouent un véritable culte en Amérique du Sud. Presque toutes les maisons cossues ont un chien qui n'hésite pas à vous aboyer dessus à votre passage. A cela s'ajoutent des meutes innombrables de chiens errants, à tel point que plusieurs gouvernement commencent des campagnes de stérilisation. Certains ont été adorables, tel le berger allemand qui n'attendait que nos caresses à Villarica mais d'autres n'ont pas hésité à attaquer notre voiture. Qui dit chien dit aussi déjections d'où la saleté importante des rues.

Une société fortement inégalitaire

Nous avons rencontré cette société en ébullition tout au long de notre périple en Amérique du Sud : élections en Bolivie, en Argentine, mouvement sociaux au Chili, jugement des élites corrompues au Pérou. Un certain malaise règne...

L'actualité de l'automne 2019 l'a montré : le peuple gronde au Chili. En cause ? Des inégalités criantes, notamment un manque de couverture sociale, des pans entiers de l'économie (l'exploitation des richesses minières et pétrolières) livrées aux grands groupes étrangers, des minorités ignorées voire réprimées et une classe politique corrompue.

Ci-dessous l'embouteillage qui nous a fait perdre une heure à la sortie de Puerto Montt, un camion de saumon s'étant renversé sur la route.

Si c'était à refaire...

... il n'y aurait rien à changer mais tellement à faire en plus ! Notamment Torres del Paine, la région de Chaiten, la plus sauvage de toutes en face de Chiloé, toutes les terres Mapuche, le Désert d'Atacama côté océan, les vignobles du centre. Nous espérons bien y retourner un jour, plusieurs mois car il y a tant à voir là-bas. En espérant que l'argent roi ne change pas ce petit paradis en une immense carrière pour extraire le lithium !