Notre (court) séjour au Cambodge

Quand ?

Du 2 au 12 novembre

Passage terrestre depuis le Vietnam par Ha Tien

Sihanoukville (ou plutôt Otres Beach) du 2 au 5/10

Phnom Penh du 5 au 7/10

Sen Monorom du 7 au 9/10

Siem Reap (Angkor) du 9 au 12/10

Départ de Siem Reap vers Bangkok

 


Bilan du Cambodge

Nous ne sommes passés que très rapidement au Cambodge : 10 jours seulement. Le temps nous étant compté, nous n'avons pu que sélectionner 4 lieux : Sihanoukville, Phnom Penh, Sen Monorom et Siem Reap (Angkor). Exit donc certaines destinations chaudement recommandées que nous avons pu parfois furtivement entrevoir par la vitre (sale) de notre minibus : Kep (et son crabe), Kampot (et son poivre) ou Battambang (et ses maisons coloniales). Bref, nous sommes venus, avons rapidement vu et avons été partiellement déçus.


Quelques chiffres tout d'abord :

Budget estimé : 25€/pers/jour, réalisé : 42€/pers/jour. Nous ne sommes certes pas encore très rodés mais il faut dire que nous avons là explosé notre budget. Cela peut s'expliquer en partie par la fréquence de nos trajets mais pas seulement et vous le verrez plus bas.

Villes visitées : 4 soit une moyenne de 2,5 jours par endroit.

Et aussi : 4 bus de jour plus ou moins confortables, notre baptême en tuk tuk, des dollars à dépenser, les stigmates de l'histoire, du culte de la personnalité omniprésent, des animaux dont une attaque de singe, des temples, une écriture sibylline et sept cent millions de chinois (Et moi, et moi, et moi).

Ce qu'on a aimé

On prend les mêmes et on recommence...

Le Cambodge ressemble un peu au Vietnam et nous avons pu mettre à profit certaines de nos expériences collectées là-bas. Toutes choses égales par ailleurs, ce n'est pas un hasard si Angkor figure dans les guides du Vietnam : ce site est incommensurablement plus beau que tout ce que nous avons pu voir auparavant. Certes les tombeaux et la citadelle de Hué étaient magnifiques mais d'une autre époque, plus récente. Le Cambodge, c'est Angkor : sa vitrine, son drapeau et même le nom de la bière la plus vendue dans le pays.

Nous avons pris nos marques avec les fameux tuk tuk. Point de cela au Vietnam mais là-bas, ils sont partout. C'est très pratique pour circuler mais il faut être vigilant sur les prix. Cela implique de négocier les tarifs en permanence afin d'éviter les mauvaises surprises (nous avons négocié la visite de Phnom Penh pour 20$ alors que des français, croisés plus tard, nous ont dit avoir payé 100$ !).

D'ailleurs, en parlant de dollars, tout se règle dans cette monnaie. Fait étrange pour un pays communiste encore dirigé par une marionnette du Vietnam. La monnaie locale, le Riel (4000 riels = 1$ environ), n'est utilisée que pour les petits montants, souvent inférieurs à 1$. Pour tout le reste, le dollar est la monnaie de référence. On se souvient encore de la tête qu'a faite la patronne de notre premier hôtel quand on lui a proposer de régler le logement en Riel. Cela-dit, c'est souvent bien utile de posséder une forte somme en Riels car la conversion est souvent arrondie en notre défaveur.

Autre fait marquant : nous avons été surpris par la capacité des cambodgiens à parler mieux anglais que les vietnamiens. Du moins dans les spots touristiques. Dans les endroits reculés de Sen Monorom, ils ne savaient pas même lire. Mais à Sihanoukville, Phom Penh ou Siem Reap, c'était un immense plaisir de pouvoir parler avec les conducteurs de tuk tuk, les personnels, les enfants ou leurs parents croisés au cours de nos visites.

On sent d'ailleurs cette envie de communiquer. Les gens étaient charmants (il faut dire qu'on avait une nouvelle fois Lucian qui faisait sa star) et nous étions régulièrement amenés à nous arrêter pour discuter. Cette gentillesse est-elle due au poids de l'histoire ? Toujours est-il qu'elle est gravée dans les monuments et dans les âmes. Nous n'avons pas voulu infliger aux enfants la ribambelle d'activités liées au génocide (ni les attractions de tirs au lance roquettes pour touristes russes et chinois en mal d'émotions). Les "Killing Fields" auront suffit. Des charniers (ci-dessous au centre), des témoignages de tortures, des cranes par milliers pour nous rappeler la barbarie humaine qui s'est déchaînée sur ce pays... il y a tout juste 40 ans. Vous ne regarderez plus jamais un palmier de la même façon...

Outre Angkor, certains lieux nous ont particulièrement enchantés. Les marchés de Phnom Penh et Siem Reap sont très agréables à visiter. Dans la capitale, nous avons revécu les ambiances d'Hoi An avec les stands où l'on pouvait manger des produits frais à un prix modique. Il y a aussi Otres Beach, paradis hippie occidental en voie d'extinction, où de vieux soixante-huitards (cheveux longs et barbiche au vent) côtoient des zadistes expatriés tatoués de la tête aux pieds dans des maisons et des huttes sous pilotis. Il y a enfin Sen Monorom (Mondolkiri), petite ville isolée au milieu des montagnes, avec ses minorités locales et ses éléphants : un pur bonheur. 

Ce qu'on a moins aimé

Quand on vous dit que le Cambodge ressemble au Vietnam, on a retrouvé les mêmes malades du volant que là-bas. A une différence près : sur les trajets que nous avons fait, l'asphalte était en bien meilleur état. Bilan : les conducteurs doublaient toujours par la droite mais à 100km/h. Du coup, les trajets sont bien plus rapides et vous rappellent parfois des sensations de fête foraine...

Le Cambodge c'est aussi un pays en voie de disparition, comme ses éléphants. Exemple criant du nouvel impérialisme chinois et de sa politique de "Nouvelle route de la soie", le Cambodge se meurt et se dénature sous la mainmise d'investisseurs corrompus qui contrôlent des pans entiers de l'économie. Les vietnamiens avaient déforesté le pays, les chinois le bétonnisent. A Sihanoukville surtout (photo ci-contre), ancienne ville de plaisance, les casinos et les hôtels nommés en chinois sortent comme des champignons. Au point où les routes sont saturées de camions, bétonneuses et autres travailleurs chinois, importés directement du pays au détriment des locaux. Otres Beach disparaît peu à peu (un business sur deux est à vendre), entourée par des barres d'immeubles oppressantes. Désolant.

Autre signe de l'ouverture au tourisme de masse : l'augmentation des prix. Nous avons mangé pour environ 50% plus cher qu'au Vietnam, et c'était en général moins bon. Le prix de la visite d'Angkor a récemment doublé (20 à 37$/j). L'entrée du Palais Royal (30$) est tout simplement du vol pour une visite de 1h30 (celui de Bangkok coûte moitié moins et est autrement plus beau). Passez votre chemin.

Enfin, il est impossible d'oublier que le Cambodge reste un régime communiste même s'il y a un roi. Il 'y a pas un kilomètre de route sans que l'on voit la photo des deux guignols qui dirigent le pays (sur la photo, il y en a 3 mais il faut croire qu'un d'entre eux est mort récemment, ou a été dégradé). Cette propagande omniprésente nous plonge dans un certain malaise...

En bref...

Nous avons bien aimé le Cambodge mais après le Vietnam, l'enchantement n'a pas fait son effet. Difficile en 10 jours d'être exhaustifs sur ce pays mais disons que le Cambodge est à l'image d'Angkor : une histoire et un passé glorieux mais maintenant des ruines prises d'assaut par le tourisme de masse (chinois) et la société de consommation.