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A la conquête de l'Est

La traversée du continent américain, on en rêvait. Mais comment s'y prendre devant tous ces kilomètres ? Après la remontée des 3 Etats américains de l'Ouest en voiture, nous avons fait une nouvelle fois le choix "poids lourd" en prenant un Ford C-25 de chez Cruise Canada et de nombreux campings, pour la plupart des KOA pour le confort entre les étapes. Car en effet, 7000 kilomètres, c'est long. Et souvent, la pente est forte mais la route n'est pas droite. 

Vous pouvez retrouver nos conseils sur l'autre road trip et nous publierons bientôt un comparatif de coûts sur les voyages en Amérique du Nord mais place à un mois en "RV" où nous allions de découvertes en découvertes.

Vancouver (3 jours)

Notre voyage commence dans l'une des villes où il fait le plus bon vivre au monde. Nous ignorions tout de Vancouver mais on nous avait vivement conseillé d'y passer. Nous voilà donc débarquant de notre bus en provenance de Seattle et là, première surprise, la gare routière est bien vide. Juste une petite queue de personnes attendant un taxi. Inutile de pianoter sur Uber, le réseau reste muet car Vancouver reste l'une des seules villes d'Amérique du Nord à l'avoir banni ! L'une des raisons serait la pollution engendrée par Uber.

Enfin notre tour arrive et le taxi nous amène quelques kilomètres plus au nord-ouest, dans le quartier très résidentiel de Kits Point. Résidences bordées d'arbres, rues impeccables, chaque maison respire le bien être mais aussi la richesse. Notre hôte AirBnB, charmante, nous met à disposition tout le "basement" de sa maison. Il ne manque plus que le jacuzzi, réservé aux propriétaires, qui nous nargue au dehors. 

Mais allons découvrir les alentours. Nous sommes dans un quartier propret avec des maisons baignant dans la verdure. Nous ne l'avions pas réalisé jusque-là mais aucune distance n'est imposée entre les arbres et les maisons. D'où cette verdure omniprésente. Nous trouvons une supérette (bio) pour faire quelques courses et fonçons vers la plage toute proche pour notre premier apéro au Canada ! C'est noir de monde ! Les locaux jouent au beach volley ou profitent de la mer, étonnamment chaude après l'océan glacé de Californie. Calés sur d'immenses troncs de bois, nous dinons au soleil couchant.

Le centre de Vancouver ressemble à celui de toute ville anglo-saxonne récente (elle a été fondée il y a moins de 150 ans) : des gratte-ciels, des grands boulevards bien droits, des banques, des supérettes trendy, bref rien d'inoubliable. Mais sa périphérie a quelque-chose d'unique. Prenons des vélos pour cela. Nous traversons d'abord cette marina où se côtoient de magnifiques bateaux. Les résidences alentour respirent le bien-être. Nous traversons ensuite la presqu'île pour rejoindre Canada Place et longer un vaste ensemble de la forme du Titanic. Au loin les hydravions décollent et amerrissent dans la baie. Nous poussons jusqu'à West End et Stanley Park, écrin de verdure et de calme. Une belle journée à vélo. Cerise sur le gâteau : l'île de Granville, lieu d'un joli marché couvert où l'on a retrouvé avec plaisir les saveurs du marché comme lors de notre passage en Asie.

Vancouver est donc resté l'un de nos coups de cœur de notre voyage. Nous quittons la ville à regrets, après 4 jours intenses mais reposants. Et maintenant... retrouvons notre nouveau RV !

Aux sources de la Columbia (2 jours)

Il est temps maintenant de quitter Vancouver et de s'enfoncer dans la Colombie Britannique. Il faut prendre son mal en patience : nous attendons 3 bonnes heures à l'agence mais récupérons un modèle flambant neuf, avec juste 9000km au compteur. Vite nous partons plein sud pour éviter les bouchons et bifurquons vers l'est à la frontière avec les USA. Kilomètre zéro, route zéro. Deux routes parallèles se suivent pendant des kilomètres, l'une côté canadien, l'autre côté américain, séparées seulement par un talus herbeux.

Nous rejoignons enfin la transcanadienne, route 1, qui serpente dans les vallées glaciaires, coincée entre le fleuve et la ligne ferroviaire. Nous croisons des convois interminables (jusqu'à 150 wagons pour 3 km !) qui s'étirent à la suite de la locomotive sifflant par intermittence. Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans la Colombie Britannique, le temps se couvre et se rafraichit. Nous trouvons quelques villages-relais où s'agglutinent les descendants oubliés des chercheurs d'or. Nous nous arrêtons à l'une des aires de repos, la Passerelle du Chou Puant. Excellente balade au milieu des forêts de conifères où la passerelle serpente au milieu des choux (pas trop) puants.

Nous sortons de la transcanadienne pour descendre dans la vallée par un chemin boueux et cahoteux. Le camping isolé au bord de de la rivière, sans électricité, est à moitié vide. Endroit parfait pour jouer à l'indien puis faire une soirée grillades autour du feu. Demain, nous atteignons les Rocheuses.

Parc de Banff (Alberta, 3 jours)

Si l'on avait su que les paysages étaient si beaux, nous aurions rajouté quelques jours en Colombie Britannique mais ne soyons pas trop difficiles, 28 jours de camping-car c'est déjà bien. Nous traversons donc rapidement le parc national Canadien de Glacier avec un petit regret seulement d'autant que le temps devient de plus en plus froid. Nous longeons la Kicking Horse River et pénétrons dans le Parc de Yoho. Un petit détour par le pont naturel creusé par la rivière puis le Lac d'Emeraude et nous poursuivons notre montée dans la vallée étroite, cernés par les pare-avalanches encore recouverts de neige. Nous passons le col et pénétrons sur le Parc de Banff. 

Nous espérions dormir au camping de Lake Louise mais il est vendredi et nous n'avons pas été les seuls à ne pas réserver : tout est largement complet, même le camping de secours glauque sur l'aire d'autoroute !

Un petit check rapide des camp sites plus "sauvages" autour de nous, et nous identifions un camping à emplacement libre à quelques kilomètres. 22 CAD la nuit (15€) : imbattable pour un emplacement en pleine forêt, un emplacement pour faire un feu (on a mis Séverine au bois) et un point d'eau et toilettes à 50m. La douche chaude manque quand même un peu, surtout qu'après un début de semaine caniculaire... il neige !

Au petit matin, , Lucian s'en va aux toilettes et revient en courant ; "Un ours ! Il y a un ours !"

Bon, cela faisait 10 jours qu'il nous faisait cette blague donc on y croyait pas sauf que... vidéo du 20190608.

Lake Louise est un lieu de villégiature pour le tout Calgary qui s'y presse à chaque weekend. Le lac est donc bordé du Fairmont Chateau, un hôtel chic et hors de prix, mais il suffit de s'élever un peu vers Lake Agnes pour retrouver un peu de paix. Et la neige ! Tous les détails de la randonnée sont ici.

Encore une belle randonnée le lendemain qui nous laisse un goût de reviens-y (que deux balades, et on a même pas fait le parc de Jasper, encore plus sauvage au nord) et il est temps de repartir vers les USA et Glacier Park. En quittant Banff, nous nous sommes faits dégager par les gardes après un arrêt interdit en bord de route (on sait c'est pas bien...) mais ils étaient si beaux ces 4 grizzlis...

Plein sud vers Glacier (Montana, 3 jours)

Pour rejoindre l'est du continent, le plus simple aurait été de poursuivre sur Calgary et de traverser la morne plaine centrale américaine vers Winnipeg. Allez comprendre pourquoi, cela ne nous plaisait pas trop. Nous avons donc mis les gaz sur le sud, direction les USA. Pour rejoindre notre KOA proche de la frontière, nous nous sommes fiés à l'itinéraire Google Map qui nous a entraînés sur des chemins de terre cahoteux en guise de raccourci...

Le passage de la frontière ne devrait pas poser de problème. Sauf qu'on nous fait ouvrir le coffre et les douaniers découvrent... notre stock de buches. Oui mais vous comprenez, il y a un parasite au Canada sur certains bois et les américains interdisent l'importation de bois en provenance du Canada. Donc me voilà avec ma cagette de 20kg à retraverser les 200m de frontière à pieds pour tout aller jeter côté canadien !

Nous sommes enfin dans le Montana pour retrouver les paysages de "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" et "Always". Nous logeons dans un grand camping KOA, avec d'excellentes prestations et même des concerts de country. Finie la côte ouest progressiste des USA, nous avons atteint l'Amérique profonde. Le portable de notre voisin s'appelle "Make America Great Again" (no comment...), la route est jalonnée d'appels à la rédemption pour rejoindre Jésus notre sauveur. Ambiance...

L'entrée du Parc de Glaciers offre une vue splendide sur des lacs glaciaires et de splendides forêts qui, quand elles n'ont pas été calcinées par les feux des années précédentes, regorgent d'une faune sauvage peu farouche. Par chance, nous avons croisé de nombreuses biches mais pas d'ours, pourtant très communs dans la région. Nous avons en effet découvert en partant que le spray anti-ours était très fortement recommandé par ici !

Après 3 jours passés au pied de la fameuse "Going to the Sun Road" immortalisée dans Shining, nous reprenons la route vers le clou de notre détour dans le sud : le Parc de Yellowstone. 

 

Encore plus au sud vers Yellowstone (Montana/Wyoming, 4 jours)

Le plus beau parc du monde selon certains. C'est dire si l'on souhaitait y aller. Impossible de mettre toutes nos photos sur cette page, nous avons donc dû faire un article spécial que vous retrouverez ici.

Nous étions logés au KOA de West Yellowstone, un peu en retrait du village touristique. Malgré le grand camping sur-équipé, nous en avons peu profité : nous n'étions pas là pour cela ! Juste le temps de sympathiser avec nos voisins, une famille de deux frères qui se retrouvaient une dernière fois alors que l'un déménageait de Seattle vers la Caroline du Sud, avec toute sa vie dans la caravane. Excellente soirée au coin du feu, à échanger autour d'un verre de vin et pour Juliette, l'occasion de tester le très calorique spéculos-chocolat au lait-marshmallow !

Yellowstone, c'est le paradis des pêcheurs, des amateurs de géologie, des ours et des bisons. Le tout à la mode américaine : chemins balisés, boutiques souvenirs, bus touristiques, hôtels de luxe ou campings très "roots", il y en a pour tous les goûts et tous les extrêmes. 

Il en reste néanmoins 4 jours intenses, dans ce paradis d'eau et de feu, au milieu de paysages proches de ceux qu'ont découvert les premiers colons il y a 150 ans. Et des geysers par centaines, à faire pâlir leurs homologues islandais. Définitivement un incontournable des USA !

Sur les contreforts des Rocheuses (Montana/Wyoming, 3 jours)

Nous voilà partis de Yellowstone avec des images plein la tête. Direction Red Lodge via la Route 212. Une simple balade d'un peu plus de 100km pour rejoindre la civilisation. Bref, nous avons pris notre temps pour quitter Yellowstone, croyant que nous en avions pour un peu plus d'une heure à rejoindre notre camping.

Ça c'était la théorie. En pratique, nous avons commencé par descendre au fond d'une vallée puis nous avons remonté un premier col. La route, quasi déserte, tournoie, serpente sous la roche à nu et monte encore. Nous croisons le Top of the World, petite maison isolée annoncée comme le dernier point de civilisation sur la route... étrange ! D'autant plus que le temps se couvre et nous apercevons bientôt les premières traces de neige au bord de la route. Pas de réseau bien évidemment d'où la sempiternelle question : "Mais qu'est-ce qu'on fout là ???"

Ca monte, descend un peu puis ça remonte encore. C'est sans fin. Et voilà qu'il neige maintenant ! Nous voyons des congères de plusieurs mètres dans certains virages quand enfin nous atteignons le sommet. 10947 pieds, soit 3336 mètres ! Mais quelle idée de faire des routes aussi hautes aussi ?

Nous prenons la route de la vallée, avec un arrêt pour sympathiser avec une famille de chipmunks et descendons avec de grands lacets par une route qui ferait pâlir la montée de l'Alpe d'Huez.

Nous arrivons à Red Lodge à la tombée de la nuit, après 3 heures de virages sur la Beartooth Highway. Nous ne savions pas que c'était l'une des plus belles "Scenic Drive" des USA, empruntée pour la première fois par le Général Sheridan, héros de la Guerre de Sécession et des Guerres Indiennes, et réouverte depuis une semaine...

Nos deux campings de Red Lodge puis Sheridan le lendemain n'avaient rien d'exceptionnel, si ce n'est une concentration anormale de moustiques téméraires et agressifs. Nous suivons l'Interstate 90 direction le sud puis l'est. Des collines s'étendent à perte de vue sous un ciel menaçant qui nous rappelle que nous approchons les plaines centrales sujettes aux tornades en cette saison.

Nous traversons une rivière dont le nom nous interpelle : "Bighorn" et sortons à la sortie suivante pour visiter l'un des monuments de l'histoire américaine : "La bataille de Little Bighorn". Des batailles comme cela, il y en a eu des milliers en Europe mais tellement peu aux USA (en plus, ce fut une défaite !!!) que les américains ont fait tout un pataquès pour 300 soldats inconscients et trop sûrs d'eux qui ont attaqué et se sont faits tailler en pièce par des indiens 10 fois plus nombreux. Le garde du parc décrit avec emphase et passion à une foule médusée la charge de ces cavaliers exterminés jusqu'au dernier alors qu'ils croyaient n'avoir à faire qu'à des femmes et des enfants apeurés.

Au delà de cette mise en scène excessive comme nos amis américains savent si bien le faire, cela n'en reste pas moins un site sublime, aux collines couvertes d'herbe folle et baignées par un ciel menaçant.

Black Hills (South Dakota, 3 jours)

Autour du plus grand lac du monde (Minnesota/Ontario, 5 jours)

Centre Canada (Ontario, 5 jours)

Toronto (Ontario, 3 jours)

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